L’urbanisme transitoire se développe de manière croissante en France. Or cette pratique se développe également à l’international et certains acteurs européens ont décidé de se structurer en réseau pour mettre en commun leurs outils, leurs inspirations et leurs capacités à pérenniser leurs actions.. Interview de Maxime Zait, fondateur de Communa à Bruxelles et membre fondateur du jeune réseau STUN le “Social Temporary Use Network”.
Comment est né STUN ?
C’est parti d’un voyage en 2018 : on est allés en équipe rencontrer les équipes de Free Riga, qui faisaient aussi du transitoire en Lettonie et on est revenus à Bruxelles avec des idées et des questions plein la tête. On s’est dit pourquoi pas faire communauté entre personnes qui partagent les mêmes valeurs et font face aux mêmes challenges. Aujourd’hui STUN compte une dizaine de membres principalement européens. Par membre j’entends des plateformes d’occupations temporaires, comme Alte Mu en Allemagne, Communa en Belgique, Yes We Camp en France, Free Riga en Lettonie…
Qu’est-ce qui vous relie, au-delà du transitoire ?
Nos points de départ sont très différents : l’immobilier, l’architecture, la jeunesse, l’art… mais on se retrouve tous autour de l’idée que la réutilisation de bâtiments vides fait partie du bon sens. On a envie de permettre l’usage des espaces à ceux qui n’y ont plus accès économiquement. Pour la culture, les questions migratoires, droit à la ville, le sans-abrisme… et puis surtout on se revendique tous de l’ESS.
Contrairement à pas mal de boîtes qui font ça dans une perspective extractiviste et qui perçoivent la vacance comme une ressource de plus à capter et s’en fichent pas mal de ce qui se passe autour, pour nous c’est surtout la finalité sociale qui prime. On tient à la dimension communautaire, on se soucie des droits des occupants, on ne fait pas ou peu de lucrativité. En bref, nos lieux doivent avant tout contribuer à la ville et aux habitants.
Quels sont vos objectifs communs ? Qu’est-ce que ça nourrit dans vos pratiques respectives ?
Notre premier objectif c’est de s’inspirer mutuellement, de faire du transfert de compétences et mettre en commun des ressources pour aller vers une pérennisation de nos actions. On partage beaucoup de documents juridiques, des propositions de lois, des chartes… Ça nous permet, chacun chez nous, d’inspirer nos élus sur des pratiques qui fonctionnent déjà ailleurs. Par exemple en Lettonie il existe une loi qui permet à un proprio qui met à dispo son immeuble à une ONG d’avoir des réduction d’impôt.
Le deuxième c’est de réfléchir et se questionner ensemble, tant sur les questions des Community land trusts (foncières solidaires), des rachats, de l’emphytéose que sur un plaidoyer commun. Avec STUN on renforce notre compréhension des enjeux, on solidifie nos argumentaires. Le dernier c’est de se rencontrer informellement, d’apprendre à se connaître. On fait ça au cours des « STUN Camps », à l’occasion de l’ouverture d’un gros site d’un des membres on se retrouve pendant une semaine pour rénover le site, réfléchir et boire des coups. Là, on prépare le STUN camp de 2024 !
Vous voulez aller plus loin ? Continuer à structurer le réseau ?
Depuis la fin des mesures COVID, on lance le volet « STUN IS BACK ». On veut pérenniser la structure, définir notre plan sur 5 ans, trouver plus de fonds, intégrer les nouveaux membres en attente et impacter l’échelle européenne.
Cet article est publié en Licence CC By SA afin d’en favoriser l’essaimage et la mise en discussion.