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Paru en 2019, le rapport Démocratisation, démocratie et droits culturels, réalisé par Cécile Offroy et Réjane Sourisseau (Opale) pour la fondation Daniel et Nina Carasso, apporte un éclairage pluridisciplinaire sur la notion de “droit culturel”. Sa première partie commence par retracer les principales évolutions de la notion de culture grâce aux apports de l’anthropologie et de la sociologie. La seconde partie du rapport revient sur l’insertion juridique et politique des droits culturels dans le contexte français, et sur les controverses, résistances et engouements qu’elle a pu susciter dans les mondes de l’art et de la culture. Comment identifier les rapports de domination culturelle ? Comment conduire son action sans les renforcer ? Par quels moyens garantir des espaces de dialogue et de visibilité des différentes cultures en présence ? Qu’implique de construire ses pratiques institutionnelles en référence aux droits culturels ? Autant de questions incontournables pour les tiers-lieux que la lecture de ce rapport permet de commencer à travailler en réflexivité et à traduire en actes.

En 2021, au terme d’une dizaine d’années au sein du Réseau des Réserves Naturelles de France, Nicolas Debaive amorce une reconversion professionnelle vers les mondes de la culture et de la création. Au préalable, il entreprend un voyage allant à la rencontre de tiers-lieux culturels majoritairement en territoires ruraux (dont La Roue dans la Drôme, Le Plateau en Ardèche, La Grange dans l’Hérault, La Fabrik dans les Deux-Sèvres, La Carrosserie Mesnier dans le Cher, ou encore Run Ar Puñs dans le Finistère) et de leurs équipes, dans un contexte de crise sanitaire. A la rencontre de ces « espaces hybrides de coopération n’appartenant pas au secteur institutionnel et proposant une ou plusieurs activités culturelles, qu’elles soient au centre de l’histoire du lieu ou en périphérie », l’auteur de cette étude associe démarche d’entretiens et observation libre sans s’interdire le récit pour raconter ces lieux. Attentif à leur singularité et leur dimension contextuelle, Nicolas Debaive tente de faire émerger des principes d’action plutôt que de figer une définition. Parmi ces principes d’action : la co-construction avec les habitants, l’expérimentation et le hors-les-murs. Au-delà de cette tentative de typologie, l’étude s’attache à questionner la place des tiers-lieux dans la culture et en particulier dans le spectacle vivant.

Cet article porte sur une forme spécifique de l’événement qui se développe dans le monde de l’innovation numérique et qui renvoie à une conception particulière de la rencontre et de la coopération comme sources de sérendipité. À travers une étude ethnographique réalisée au sein d’un tiers-lieu, l’article propose d’accéder aux coulisses des événements dits collaboratifs dont le programme et les contenus sont en principe définis par les participants eux-mêmes. En décrivant les enjeux de traduction et les opérations de cadrage réalisés par les permanents de ce lieu, il montre que ces événements, qui reposent sur le travail des publics, sont aussi ceux qui nécessitent le plus d’être cadrés en amont. En déplaçant ensuite la focale sur la scène des événements, l’article met en évidence la particularité du cadrage que les événements exercent à leur tour sur les interactions, celle de comporter en germe les possibilités de son propre « débordement ».

Le Réseau National des Ressourceries et Recycleries, créé en 2000 par 7 structures des régions Nord-Pas-de-Calais et Picardie (aujourd’hui les Hauts de France), est devenu un réseau professionnel reconnu, constitué de 247 adhérents. Le professionnalisme du Réseau National des Ressourceries et Recycleries est, entre autres, dû à la capacité de ses adhérents d’assurer un suivi de leur activité via la mise en place d’une traçabilité. Chaque année, les Ressourceries et Recycleries transmettent leurs données (environnementales, sociales et économiques) au Réseau national qui les compile et les exploite afin de permettre l’édition d’un Observatoire national des Ressourceries et Recycleries. Ces données sont aujourd’hui devenues essentielles afin de rendre compte de l’impact des structures sur leurs territoires, mais aussi pour permettre la création de nouvelles Ressourceries et Recycleries ou encore pour promouvoir le secteur du réemploi solidaire en France.

De 2020 à 2022, France Stratégie a réuni des milliers de participants à différents workshops, associant économistes, politistes, géographes, ingénieurs, acteurs de la société civile, élus, partenaires sociaux autour de trois cycles (le cadre conceptuel et la cartographie des soutenabilités, les politiques publiques au prisme de la soutenabilité, la transformation de l’action publique au service des soutenabilités) afin de faire émerger un nouveau référentiel pour une action publique “à la fois durable, systémique et légitime” pour une “stratégie nationale des soutenabilités” conciliant enjeux sociaux, démocratiques et environnementaux. Le rapport s’articule autour d’une réflexion sur la difficile démocratisation du temps long pour des enjeux qui enjoignent d’embrasser une vision politique à long terme et sur les outils et les formes de gouvernance de ce référentiel qui permettrait de “délibérer du long terme” avec l’ensemble des parties prenantes.

Publiée en 2017, la revue sortait suite à la réforme du code du travail. Les coordinateurs s’interrogeaient sur la vision sous-tendue par ce premier acte du président Emmanuel Macron. En première partie, sont abordées les tensions entre progrès technologique et emploi d’une part, entre le besoin de liberté dans la vie professionnelle et personnelle d’autre part et ceci au regard des acquis de la protection des salariés. En deuxième partie, la revue revient sur 2 outils essentiels que sont le droit du travail et les syndicats au service de la protection des salariés ; outils qui se voient aujourd’hui attaqués aussi bien par le patronat que le gouvernement, parfois avec la complicité des syndicats. Pour conclure, Alain Supiot nous partage sa réflexion pour un droit du travail “au-delà de l’emploi” et plaide pour une distribution des responsabilités. Alors que les tiers-lieux permettraient de travailler autrement, de renouveler les rapports au travail, posons-nous quelques questions : qui sont les travailleurs en tiers-lieux ? au service de qui et de quoi œuvrent-ils ? dans quelles conditions ? est-ce librement choisi ? Est-ce que la promesse du “travailler autrement” est claire ?