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Publications scientifiques

Les troisièmes lieux sont ceux qui offrent un espace en dehors du travail et du domicile pour échapper au stress associé aux espaces primaires de leur vie. Grâce à l'interactivité sociale, ils aident à acquérir un certain soutien émotionnel fourni par un lien étroit et intime. Ce soutien social peut se transformer en ressources sociales pour les individus et conduire à la formation de communautés qui peuvent devenir des incubateurs de capital social grâce à des visites régulières dans des lieux de socialisation partagés. Cet article se concentre sur l'interaction sociale qui a lieu dans le cadre du troisième lieu et sur les communautés qui sont créées en tant que facteur contribuant à la gestion des connaissances. L'étude porte sur le rôle des cafés en tant que tiers-lieux dans la création de communautés et dans la gestion des connaissances et de capital social au Koweït.

Les fablabs fleurissent depuis quelques années en France et dans le monde et suscitent un intérêt grandissant. Si nombre de travaux ont été conduits sur ces espaces en Europe ou dans les pays développés, peu de recherches ont toutefois été menées sur l’Afrique. Notre objectif est alors de nous interroger sur les spécificités des fablabs d’Afrique francophone objet de notre étude, et d’apporter un premier éclairage sur ces tiers-lieux. A l’appui d’une série d’entretiens avec les fabmanagers africains, nous montrons que même si ces espaces ont des traits communs avec leurs homologues du Nord, ils présentent une caractéristique forte d’acculturation du numérique, destinées à des besoins spécifiques, et tournés vers des populations identifiées que sont les jeunes, les artisans et agriculteurs, les femmes. Une lecture croisées des lieux français et africains est également proposée afin d’en dégager une typologie.

À mesure que les espaces de coworking s'étendent au-delà des grands centres urbains vers des régions plus périphériques, ils apparaissent comme des centres entrepreneuriaux potentiels, favorisant les réseaux d'échange de connaissances entre les entrepreneurs, les travailleurs indépendants et d'autres acteurs économiques concernés. Toutefois, les facteurs influençant la formation de ces réseaux et le rôle joué par les différents acteurs restent peu étudiés. Cette étude analyse la structure du réseau d'un espace de coworking et identifie les variables qui influencent les échanges de connaissances, en mesurant l'effet de différentes dimensions de proximité. En utilisant une étude de cas d'un espace de coworking bien établi à Petrer, une petite ville « laissée pour compte » dans l'est de l'Espagne, l'étude utilise une approche d'analyse des réseaux sociaux pour analyser le réseau de partage des connaissances. Contrairement aux études précédentes, elle comprend une enquête sur le réseau complet de la communauté, incluant non seulement les coworkers mais aussi les gestionnaires du coworking, les anciens coworkers et d'autres collaborateurs de l'espace.

Depuis une vingtaine d’années, les tiers-lieux font l’objet de nombreuses analyses (R. Krauss, D-G Tremblay, 2019 ; A. Flipo, P. Lejoux, 2020). L’un des éléments récurrents mis en exergue dans ces études sur les TL est la grande disparité des modèles existants et la diversité des fonctions qu’ils assument, notamment suivant leur localisation et leur porteur. En retour, tous les usagers ne vont pas en TL pour des raisons similaires et le numérique revêt un rôle variable dans leur motivation (outil de travail ou moyen de socialisation, clef d’un rayonnement spatial élargi ou pour éviter un déplacement, etc.). Les réponses du numérique à ces attentes interrogent une évolution des inégalités sociales d’accès (à un débit suffisant, un lieu de travail proche du domicile, un réseau social et/ou professionnel, une médiation des usages du numérique, etc.) suivant les territoires. A partir de l’exemple de la métropole toulousaine, notre présentation envisage la territorialisation et la variété des TL entre la ville centre et les périphéries. Elle interroge de nouvelles polarisations ou une autonomisation des déplacements appuyées sur le travail à distance. Ces éléments permettront de mesurer si les TL réduisent ou accentuent les inégalités de situation, par exemple pour ceux qui ne peuvent utiliser le numérique pour leur travail, ou encore pour ceux qui sont assignés malgré eux à certains lieux (corpoworking). La présentation analysera ainsi les enjeux et fractures que créent, voire creusent, ces lieux souvent hybrides désormais mobilisés dans les politiques d’aménagement.

Tout en reconnaissant le caractère prédateur des dispositifs mis en pratique par les firmes privées pour récupérer la connaissance socialement générée, l’alternative proposée par le commun comporte certaines limites pouvant s’avérer un obstacle à l’émergence d’une société dont la connaissance serait à la portée de toutes et tous. En vue d’explorer ces limites, nous allons définir en premier lieu la notion de « connaissance » ainsi que les concepts favorables à la compréhension des espaces où celle-ci serait susceptible de surgir et de se développer, ces concepts étant « la communauté épistémique » et « la communauté de pratique ». Dans la deuxième partie, ces limites seront examinées au regard du mode de fonctionnement des plateformes open source dans lesquelles la connaissance est à la fois mise à disposition de la société et protégée de toute stratégie visant à se l’approprier. À l’aide de l’exemple des makers, un mouvement dont l’importance sociale s’est accrue grâce à sa contribution à la production de matériel sanitaire dans le contexte de la pandémie de la Covid-19 (Chalet et al. 2020), nous exposerons, dans un troisième temps, une autre manière de faire circuler la connaissance. La réflexion entamée nous conduira à repenser le passage de l’économie de la connaissance vers la société de la connaissance.

Plébiscitée par bon nombre d’élus, de praticiens et d’acteurs issus de la société civile, l’expérimentation, autrefois cantonnée aux seules activités laborantines et scientifiques, se présente aujourd’hui comme l’une des modalités incontournables de l’urbanisme contemporain. Mais quid de la démarche expérimentale à proprement parler ? Renvoie-t-elle à la primauté du « faire en vrai », du « faire à l’échelle 1 :1 » sur les autres activités ramenées davantage à l’agir en plan ? Cela consiste-t-il à survaloriser le régime de l’expérience ou l’incrémentalisme ? Ou, au contraire, à positionner l’expérimentation comme le préalable nécessaire à l’innovation ? Autant d’interrogations auxquelles les différentes contributions réunies dans ce dossier thématique s’emploient à apporter des réponses. Qu’il s’agisse d’investir les dispositifs expérimentaux en eux-mêmes, d’analyser leur institutionnalisation ou encore d’observer les contextes urbains et politiques dans lesquels ils se déploient et qu’ils installent, force est de constater que l’expérimentation constitue un observable à part entière de la recherche urbaine. Tout à tour instruments des politiques de démonstration, véhicules d’innovation ou analyseurs de l’urbanisme d’austérité, objets de controverse, formes renouvelées d’action collective ou vecteurs de gentrification, les expérimentations urbaines explorées ici s’avèrent riches d’enseignement sur les évolutions en cours des modes de faire, de gouverner et de dire la ville.