EDITO
Le dernier recensement de l’Observatoire des Tiers-Lieux nous apprend que 58% des tiers-lieux développent des actions de formation et d’apprentissage quand 49% d’entre eux proposent des activités de formation professionnelle et 35% agissent pour l’insertion professionnelle. Au total, ce sont 377 159 personnes qui ont pu bénéficier d’une formation professionnelle en tiers-lieux Données du recensement 2023. Ces chiffres démontrent ainsi le rôle sans précédent des tiers-lieux comme leviers de développement de la formation professionnelle dans la diversité des territoires aujourd’hui. Au-delà de la formation professionnelle, les tiers-lieux dessinent un paysage d’apprentissage continu, misant sur la circulation des compétences, des dynamiques contributives et réciprocitaires, ainsi qu’un décloisonnement des disciplines. Dans un tiers-lieu, on est tour-à-tour sachant et apprenant dans la même journée.
En allant à la rencontre de tiers-lieux déployant sur leurs territoires des actions de formation en consortium – encouragés par le programme Deffinov du ministère du Travail, pour renforcer l’accès à la formation dans les territoires en misant sur des alliances tiers-lieux/organismes de formation2 DEFFINOV Tiers-lieux, un programme du ministère du Travail, en co-portage avec l’ANCT et Régions de France, déployé à travers des appels à projets régionaux pour soutenir la formation dans les tiers-lieux en coopération avec des organismes de formation. – avec une large typologie d’acteurs (organismes de formation, entreprises, Missions locales, agence France Travail, structures d’insertion professionnelle, ESAT, universités, lycées professionnels …), les portraits d’initiative de ce cahier nous immergent dans des contextes territoriaux pluriels, des quartiers populaires aux ruralités, à la rencontre de bénéficiaires aux trajectoires multiples. Les impacts de ces dynamiques de formation en tiers- lieux sont nombreux : la relocalisation de filières et de métiers au sein de bassins d’emploi, en lien avec les spécificités territoriales ; la montée en compétences et l’accès à de nouveaux métiers en lien avec un monde du travail en mouvement ; l’essaimage de modes pédagogiques alternatifs et centrés sur le faire ; la capacité à adresser une offre de formation à des publics éloignés de l’emploi et à renforcer, par une application concrète et située, leur désirabilité. Enfin, et surtout : des formations pensées en commun par une diversité d’acteurs d’un même territoire au sein de consortium agrégeant des sommes de parties-prenantes et de compétences, générant un langage commun et des alliances, essaimant des modes de faire et d’apprentissage propres aux tiers-lieux. De quoi penser les tiers-lieux, outre des lieux apprenants, comme des chevilles ouvrières de « territoires apprenants » qui « génèrent un nouveau réseau, et maillent un même territoire de nouveaux nœuds propices à l’apprenance et aux apprentissages. » Juliette Herdondart (tiers-lieu Le Sonneur), fiche de lecture Les Territoires apprenants. Usages et imaginaires pour apprendre ensemble de Denis Cristol (Université Paris Nanterre).