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Comment la presse quotidienne régionale s’empare-t-elle des tiers-lieux ?

Une analyse quantitative et qualitative sur un semestre de parutions

20 mars 2025

En facilitant la rencontre entre les tiers-lieux et leurs publics, la presse quotidienne régionale joue un rôle clef dans leur rayonnement à l’échelle locale. Mais quelle place prennent-ils dans leurs colonnes ? Comment y sont-ils présentés ? Et quel rôle les tiers-lieux jouent-ils eux-mêmes en tant qu’objets médiatiques ?

82% : c’est l’augmentation du nombre d’articles de la presse quotidienne régionale (PQR) disponibles sur Europresse Europresse est une plateforme de veille et de recherche documentaire donnant accès à un vaste corpus de journaux, magazines, et sources d’information francophones et internationales, principalement destinée aux professionnels et chercheurs. contenant le mot « tiers-lieu » entre 2018 et 2023. En passant de 1 800 à 3 500, l’augmentation du nombre de tiers-lieux recensés par France Tiers-Lieux sur la même période atteint 49%. Si ces deux dynamiques ne peuvent être directement comparées car elles reposent sur des sources et des méthodologies différentes, leur écart interroge toutefois sur les raisons d’une telle évolution de la médiatisation des tiers-lieux.

Plusieurs facteurs pourraient expliquer ces dynamiques parallèles. L’un d’eux serait une certaine convergence entre l’ancrage territorial, l’approche et les publics cibles des tiers-lieux et ceux de la PQR. Tous deux s’inscrivent dans la vie locale et contribuent à la vitalité du tissu territorial, en s’adressant aux habitants et en valorisant leur parole et leur participation. Une proximité d’intérêts qui pourrait expliquer en partie la visibilité croissante des tiers-lieux dans la PQR.

Dans cette approche, la forte hausse du nombre d’articles liés aux tiers-lieux dans la PQR révèle ainsi combien le mouvement tiers-lieux peut être fertile pour valoriser les territoires et dialoguer avec les habitants. Alors à quel point cela se vérifie-t-il dans le contenu des articles ? Que racontent-ils du regard posé sur les tiers-lieux aujourd’hui, et que dit leur manière de parler des tiers-lieux du rapport qu’entretient la PQR aux territoires et à leurs habitants ?

Quelques chiffres

Totalisant 2 130 articles qui contiennent le terme « tiers-lieu », les 15 médias de PQR disponibles sur la base de données d’Europresse couvrent les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne Franche-Comté, Bretagne, Centre-Val de Loire, Grand Est, Hauts-de-France, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et Pays de la Loire. Les 5 régions ultra-marines ainsi que 4 régions métropolitaines échappent donc aux données disponibles. Parmi ces 9 régions, 3 (l’Auvergne, le Grand Est et les Hauts-de-France) sont couvertes par un seul titre ; 5 par 2 (la Bourgogne, la Bretagne, la Normandie, l’Occitanie et les Pays de la Loire) ; 1 par 3 titres (la Nouvelle-Aquitaine).

Sur les 2130 articles recensés couvrant les tiers-lieux, 8,5% proviennent des médias néo-aquitains (Charente libre, La République des Pyrénées et Sud Ouest). C’est certes davantage que l’Auvergne (1,3%) mais moins que les Hauts-de-France (9,3%), alors que ces deux régions ne comptent qu’un seul média répertorié sur Europresse. 

Ces chiffres doivent, de fait, être mis en regard de la part d’articles publiés par chaque média sur le total des 1 108 114 publiés par les 15 médias sur le premier semestre 2024. Avec 11,8%, La Voix du Nord dépasse en effet les 3 médias néo-aquitains, qui totalisent 9,2% du total, et Le Progrès, seul média auvergnat répertorié, qui atteint 9,7%. Loin devant, Ouest France – qui couvre trois régions : la Normandie, la Bretagne et les Pays de la Loire – compte 26,9% d’articles.

Si l’on compare les deux pourcentages (nombre d’articles sur les tiers-lieux ; nombre d’articles total), il s’avère que La Nouvelle République, Ouest France, Midi Libre, Presse Océan, La République des Pyrénées et Sud Ouest consacrent une part plus importante de leurs articles aux tiers-lieux. Un choix éditorial qui pourrait n’être pas seulement lié à un certain intérêt de la région pour les tiers-lieux, mais aussi à la volonté de valoriser des thématiques comme l’économie sociale et solidaire, la culture ou le vivre ensemble. 

Une recherche par champ lexical permet d’illustrer la manière dont les médias s’emparent de ces thématiques. On constate ainsi qu’en associant au terme « tiers-lieu » les mots « culture », « art », « œuvre », « médiathèque », « musée » ou « spectacle » 32% du total d’articles contenant le terme « tiers-lieu » ressortent. Autrement dit, plus d’un tiers des articles s’intéressant aux tiers-lieux inscrivent ceux-ci dans une dimension culturelle. La question sociale est encore plus prégnante, en témoignent les 33% d’articles contenant les mots « social », « solidaire », « convivial », « inclusion », « inclusif » ou « rencontre ».

Ces termes désignent aussi bien des types de tiers-lieux (culturels ou living labs par exemple) que des manières de les regarder. Une analyse approfondie permettrait d’étudier dans quelle proportion les types de tiers-lieux sont décrits de la manière dont ils se définissent eux-mêmes. Un travail au long cours dont l’analyse qualitative qui suit ne prétend que poser les jalons. 

Des typologies d’articles variées

De l’encart informationnel au portrait détaillé, les articles étudiés sont de nature et de taille disparates. La PQR requiert de fait une grande diversité de contenus pour mettre en page son format imprimé et s’ouvrir à plus de lecteurs dans son format numérique. À cette hétérogénéité des formats se superpose aussi une variété dans les temporalités. Alors que certains articles proposent une information utile sur le court terme (comme les activités à faire dans la semaine), d’autres déploient une vision dans la durée (l’historique d’un projet, sa projection dans l’avenir, etc.).

Se retrouvent majoritairement des articles concernant l’ouverture ou la fermeture d’un lieu ; la présentation du projet, de ses valeurs et de ses ambitions ; la manière dont les habitants s’y retrouvent ; les problèmes auxquels le lieu doit faire face et qui le mettent en péril ; ce qu’il raconte de l’évolution du territoire. Mais cette typologie ne dit rien du ton ni du format des articles. Par ailleurs, plusieurs catégories peuvent se superposer. Par exemple, le portrait de porteurs de projets de tiers-lieu peut être le prétexte à l’annonce de son ouverture ou à la communication d’un programme. 

On retiendra donc plutôt une catégorisation par objectif permettant de mettre en lumière les effets recherchés par l’article, son horizon d’attente vis-à-vis des lecteurs. Quatre objectifs se distinguent ainsi. Le premier vise à faire savoir, c’est-à-dire à donner au lecteur des informations et à lui donner envie de se rendre dans le tiers-lieu. Le deuxième est de donner à comprendre ce que sont les tiers-lieux et leurs liens au territoire. Le troisième entend valoriser les projets et les habitants qui les portent. Le quatrième cherche à mobiliser autour de sujets de société vis-à-vis desquels le tiers-lieu sert de laboratoire d’expérimentation.

Faire savoir

« Mais que se cache-t-il derrière cette maison tout en couleurs en plein cœur de Toulouse ? » interroge un article de La Dépêche. Imprégné d’un lexique de la curiosité, l’article essaie de susciter le même effet que le bâtiment qu’il décrit. Le collectif toulousain à l’origine du projet, Salade Suprême, est ainsi cité pour favoriser, lui aussi, « l’intérêt des [lecteurs] ». Jouant le jeu de la visite guidée, l’article presse les lecteurs de découvrir le site. 

La PQR sert en ce sens d’interface entre les tiers-lieux et leurs publics. Elle facilite leur rencontre et demeure un relais important des actions des tiers-lieux, notamment dans les territoires ou les quartiers isolés. C’est le cas dans un article du JSL au sujet d’un tiers-lieu de la Creuse où, dès le chapeau, le constat est posé : « [Le tiers-lieu] peine à trouver son public, voire à simplement se faire connaître sur son territoire ». Une problématique qui s’incarne dans le propos des salariés cités : « “Le lieu manque cruellement de visibilité”, concède Mathéo Barbier-Renard, chargé de projet. »  

En attirant l’attention sur les lieux, les médias attirent l’attention vers leurs articles. C’est tout l’enjeu de la titraille, cet art de tourner le titre des articles pour séduire les lecteurs. Ainsi en va-t-il d’un article de L’Est Éclair intitulé « Découvrez en avant-première le futur visage des Bassins saviniens ». L’impression d’une information tenue secrète à laquelle seuls les lecteurs peuvent accéder invite évidemment à vouloir en être. Le scoop est une aubaine. Mais le lexique relevant du mystère et du dévoilement raconte aussi, en creux, une certaine manière de percevoir les tiers-lieux.

De nombreux articles visent donc, à l’inverse, à atténuer cet effet. Renvoyant les tiers-lieux au champ du familier, ils rassurent les lecteurs. C’est ce que révèle un article de La Voix du Nord. Alors que sont invités au tiers-lieu de Fournes-en-Weppes « tous les habitants des environs », l’article précise sa cible en anglant sur la guinguette qui s’y tient dans le week-end. « Quelle manière plus agréable de découvrir le lieu que d’aller à une guinguette ? » conclut-il. L’objectif est ici d’estomper la dimension expérimentale du lieu pour mettre plutôt l’accent sur ce qui est susceptible d’attirer le public et de le faire se sentir à l’aise. 

En ce sens, les articles de la PQR témoignent d’une tension entre la dimension accessible et conviviale et le caractère unique des tiers-lieux. Cette tension peut aussi bien être le fruit du regard posé sur les tiers-lieux qu’une stratégie rédactionnelle qui à la fois rassure et émerveille le lecteur. C’est ce que reflète par exemple un article de Midi Libre dont le titre un peu grandiloquent « Un tiers-lieu inauguré en grande pompe et un public venu en nombre » et la formule introductive « L’ouverture officielle, et tant attendue » contrastent avec le reste du texte, misant sur la convivialité et la rencontre.

Donner à comprendre 

Si, in fine, les articles peuvent donner envie aux publics de se rendre dans les tiers-lieux de leur territoire, ce n’est pas toujours l’objectif qu’ils poursuivent dans leur contenu. Certains cherchent ainsi à comprendre et à expliquer et s’intéressent à des dynamiques structurelles. 

La tendance à tenir ensemble le connu et l’inconnu se retrouve dans la plupart de ces articles. L’un d’entre eux, paru dans Le Télégramme, porte ainsi pour titre la citation « [Les tiers-lieux], on peut dire que ça a toujours existé » et pour chapeau l’expression « ovnis sociaux » pour les caractériser. Mais tout l’intérêt de cette typologie d’articles est de proposer des outils de réflexion qui inscrivent le tiers-lieu dans l’histoire d’un territoire. S’ils sont innovants, dans cette perspective, les tiers-lieux proposent des solutions dont le territoire a toujours su se saisir. 

Voilà qui souligne combien les tiers-lieux sont familiers, mais aussi combien les territoires sont innovants. Et c’est bien là tout l’intérêt de prendre les tiers-lieux pour sujet : ils permettent de donner à voir le territoire autrement, de comprendre ses évolutions. Les tiers-lieux se mettent « au service du lien social dans les territoires » et sont « loin d’être un truc de “bobo des villes” » (Le Télégramme). Cela tend aussi à valoriser les lecteurs : eux qui croyaient ne rien comprendre à ces « ovnis » les ont en fait toujours connus. 

Pour autant, le terme « tiers-lieu », avec l’idée de nouveauté qu’il charrie, peut être source d’agacement. Ce n’est pas systématiquement sous l’angle de la valorisation du territoire et de ses habitants que les médias les commentent. Cela peut être aussi pour critiquer une certaine tendance « à réinventer l’eau chaude », montre La Voix du Nord dans une première version de l’article, car « les estaminets à l’époque, ou les cafés de village, en étaient déjà des illustrations ».  

Le sujet permet par ailleurs de changer d’échelle : dans cette typologie d’articles, les tiers-lieux s’analysent à d’autres niveaux que local ou régional. Cette prise de hauteur vise à montrer comment le territoire dialogue avec l’extérieur. « Les tiers-lieux ruraux de Haute-Vienne, source d’échanges entre pays européens » titre Le Populaire. L’article signale qu’à l’occasion d’une rencontre entre partenaires européens sera proposé « un tour d’horizon de l’économie sociale et solidaire, qui fera la part belle aux tiers-lieux qui font la spécificité de notre région ».

Ces articles se distinguent peu des ambitions de la presse quotidienne nationale (PQN), à ceci près que le territoire sur lequel ils se focalisent est toujours celui dans lequel ils sont distribués. Sujet médiatique, le tiers-lieu met en lumière des stratégies d’influence entre médias de la PQR, mais aussi entre PQR et PQN : la manière dont les principaux médias traitent du sujet, en changeant d’échelle, en prenant de la hauteur, témoigne de la reconfiguration des endroits et des postures depuis lesquels s’exerce la PQR. 

Valoriser

Évoquer les tiers-lieux peut donc contribuer à se repositionner en tant que média, mais c’est là une dimension à ne pas surévaluer. Car la compréhension des enjeux liés aux tiers-lieux poursuit bien souvent un autre objectif : valoriser le territoire et ses habitants. Les articles de cette catégorie sont des portraits d’initiatives et de porteurs de projet. Faisant la part belle à l’histoire d’un lieu, ils s’intéressent aux acteurs qui s’y sont succédé et à son importance dans la vie du territoire. 

Il convient à ce titre de souligner la prégnance des articles qui abordent les tiers-lieux sous l’angle de la réhabilitation. Il s’agit de montrer dans quel contexte s’inscrit le projet et comment il en prend la suite. Une démarche particulièrement sensible dans un article de Ouest France qui évoque pêle-mêle « un symbole de la commune »,  « un site emblématique » y ayant tenu « une place importante » et dont les « heures de gloire » sont en partie à attribuer à un couple de locaux « reconnus dans toute la région pour leur professionnalisme ».

On le voit, la valorisation du site ne relève pas seulement du caractère patrimonial exceptionnel du bâtiment. Elle tient aussi et surtout de son importance pour les habitants du territoire qui y attachent une forte valeur affective. L’Indépendant consacre par exemple un article à un tiers-lieu ouvrant dans une ancienne boîte de nuit, « vestige des nuits perpignanaises » dont les « voyages immobiles » ont transformé les noctambules du coin. 

Ces articles thématisent une tension entre tradition et modernité, ainsi que le révèle un article de La Voix du Nord : c’est « une transition entre le passé et l’avenir » qu’opère le projet, témoigne le président du Conseil départemental. L’article montre comment le tiers-lieu conjugue la « vision moderne d’un service public » et la préservation de l’ancienne gare. 

Mais au-delà du site, les articles valorisent les porteurs de projet et leurs idées, à l’instar d’un article de Ouest France qui montre combien les habitants sont enclins à innover en matière de vivre ensemble et à proposer des solutions nouvelles, comme ici le « béguinage solidaire », pour éviter l’isolement des personnes âgées ou porteuses de handicap. 

Mobiliser

Mobiliser, rassembler, c’est en effet un objectif majeur des articles de la PQR. Le sujet des tiers-lieux permet de porter des sujets de société pas toujours consensuels auprès des lecteurs et à affirmer l’espace médiatique régional comme un vecteur de transition.  

En s’intéressant aux tiers-lieux porteurs d’initiatives vertueuses et innovantes, les articles mettent en effet l’accent sur les sujets eux-mêmes. Ainsi, un projet de création d’un tiers-lieu en Ehpad permet au Dauphiné Libéré d’aborder la question du grand âge et l’inclusion des personnes âgées dans la société. Le Progrès explicite une démarche « fraîchement accueillie dans le quartier » autour de l’intégration de personnes réfugiées. Ouest France parle de mode locale et responsable grâce à l’exemple d’un tiers-lieu porté par des artisanes du textile. 

Certains articles vont plus loin et cherchent à mobiliser activement les lecteurs. Toujours dans Ouest France, on peut ainsi lire un article intitulé « Qui veut participer à un tiers-lieu écoresponsable dans ce quartier d’Angers ? ». Sans être aussi direct, un article de La Montagne guide clairement ses lecteurs : « Des tiers-lieux et associations de Creuse appellent à se mobiliser contre l’extrême droite. »

Défendre les tiers-lieux, c’est défendre ces sujets, et la PQR joue ainsi un grand rôle dans les mobilisations contre leur fermeture ou dans l’hommage qui leur est rendu. La Gazette, alertant sur l’expulsion d’un tiers-lieu montpelliérain, rappelle ainsi « son action vitale pour le débat démocratique ». Le rôle social des tiers-lieux est mis en évidence pour souligner combien la vie des territoires dépend des liens que peuvent tisser leurs habitants et des endroits où ceux-ci peuvent se renforcer. 

« Je remercie l’équipe d’avoir osé faire quelque chose d’aussi beau », s’émeut un habitant dans le JSL, à la soirée de clôture d’un tiers-lieu culturel. Dans Ouest France, la parole est donnée à une bénévole : « C’était un lieu de convivialité », souligne-t-elle. La Voix du Nord laisse le mot de la fin à une porteuse de projet : « Il y a des gens qui nous soutiennent jusqu’au bout et on voudrait sincèrement les remercier. » 

Méthodologie et limites de l’exercice

Ces réflexions ont émergé début 2024, avec l’engagement de l’Observatoire des Tiers-Lieux dans un travail de veille médiatique quotidien qu’il reprend en partie dans une newsletter publiée en format bimestriel sur Linkedin. Les articles compilés viennent de la presse quotidienne régionale et nationale, mais aussi hebdomadaire, spécialisée ou 100% en ligne. C’est avec Google Alerts que s’effectue la veille : chaque jour, la liste des articles contenant les mots cibles tiers-lieux, transition écologique, politique urbaine, makerspace, initiative solidaire et sociale, fablab, économie sociale et solidaire, éco-lieu, co-working, manufactures de proximité, fabriques des territoires est reçue automatiquement, et l’équipe trie ensuite manuellement les articles par date et par grande thématique.

Aux limites de cette initiative se superposent par ailleurs les biais de Google Alerts : la plupart des articles des médias les moins visibles ne sont pas recensés. Ainsi, des articles de Corse Matin, de Dordogne libre ou du Berry républicain portant dans leur titre le terme « tiers-lieu » ont paru sans pourtant être référencés dans la veille. Une démarche plus rigoureuse consisterait donc à partir de la liste des 50 médias de presse quotidienne régionale identifiés par l’ACPM (2024) et à référencer, à partir d’une recherche contenant le ou les termes cibles sur le site de chaque média, tous les articles pertinents sur la période indiquée. 

Celle choisie pour la démarche exploratoire que s’est proposé de suivre le présent article porte sur un semestre, du 1er février au 1er août 2024. Elle s’articule autour d’un seul des termes cibles de la veille de l’Observatoire, « tiers-lieu ». Ce choix lexical est, assumons-le, un biais important pour aborder cette recherche. Pour étudier l’hypothèse que le sujet et le terme « tiers-lieu » sont en fait deux choses différentes (on peut parler d’un tiers-lieu sans le caractériser comme tel ; on peut employer le terme pour évoquer des lieux d’autres natures), il faudrait comparer pour chaque article les mots mentionnés avec les lieux auxquels ils renvoient. 

Cet article ne s’intéresse par ailleurs qu’aux médias de la presse quotidienne régionale. Sont ainsi désignés l’ensemble des journaux publiés quotidiennement qui couvrent principalement l’actualité locale et régionale et dont la diffusion est limitée à une zone géographique. Une focale qui procède de la volonté d’éclairer, sous le prisme médiatique, les liens entre tiers-lieux et territoires. Mais alors que l’ACPM répertorie 50 titres de PQR, seuls 15 La Nouvelle République, Le Progrès, Le Télégramme, Le Bien Public, Le Journal de Saône et Loire, Ouest-France, La Voix du Nord, Paris-Normandie, Est Républicain, Midi Libre, L’Indépendant, Presse Océan, Charente libre, République des Pyrénées, Sud Ouest. Nous choisissons d’y retrancher Le Parisien, répertorié parmi les titres de l’ACPM mais dont la diffusion et la ligne éditoriale se rapprochent davantage d’un média de presse quotidienne nationale. sont disponibles sur Europresse, plateforme permettant d’accéder au contenu d’articles y compris payants.   

Afin d’ouvrir le champ, l’analyse qualitative a pris pour objet des articles d’autres sources parmi les 50 ciblées par la recherche. Des articles d’Est Éclair, La Dépêche ou Midi Libre, qui ne font pas partie des journaux disponibles sur Europresse, ont ainsi été intégrés au corpus étudié. L’analyse quantitative s’est appuyée quant à elle uniquement sur Europresse, et n’inclut donc que les données des journaux en question, pour assurer l’objectivité des mesures. 

Le regard ainsi posé sur les tiers-lieux pourrait être étendu à l’ensemble des lieux de convivialité qui permettent de faire commun dans nos territoires. La réflexion inviterait alors à interroger la manière dont le mouvement tiers-lieux a pu imprégner nos manières d’observer et d’habiter nos maisons de retraite, nos cafés ou nos jardins.

Cet article est publié en Licence Ouverte 2.0 afin d’en favoriser l’essaimage et la mise en discussion.