Tiers-lieux du faire ensemble, les FabLabs représentent, depuis le début des années 2000, des espaces aux multiples facettes.
À la croisée des chemins entre les mouvements hacker et maker, les FabLabs ont pour caractéristique première de proposer aux usager.es de divers horizons l’usage de machines à commande numérique Eychenne, Fabien, Fab lab. L’avant garde de la nouvelle révolution industrielle, Limoges, FYP Éd., coll. La Fabrique des possibles, 2012, 112. permettant de « fabriquer (presque) tout » Mots de Neil Gershenfeld, père des FabLabs. L’influence du mouvement hacker, elle, se retrouve dans la documentation systématique, en ligne et libre de droit des explorations technologiques effectuées au sein des ces lieux. De cette façon, chaque avancée pourra d’une part être reproduite n’importe où autour de la planète dans un autre fablab possédant le parc de machines adéquat, d’autre part, testée, modifiée et adaptée selon les besoins du territoire. Ainsi, les FabLabs peuvent être pensés comme « un réseau collaboratif mondial de laboratoires locaux » Constance, Garnier, Les FabLabs, un réseau mondial et en croissance d’organisations collaboratives : une analyse des modes de coordination intra et inter-organisationnels, Gestion et management, Institut Polytechnique de Paris, 2020. liés par la charte de la FabFoundation.
Du local, avec les réseaux régionaux Exemples : le RedLab, au national dans lequel s’inscrit notamment le Réseau Français des FabLabs, voire à l’international avec des réseaux tel que le ReFFAO ou le FAN, en passant par le glocal Contraction des mots global et local avec le dispositif FabCity Et FabRégion , les FabLabs du monde sont par essence et par évolution reliés entre eux. Les enjeux autour de ce sujet sont doubles : localement, ils concernent la mutualisation des outils et des savoirs, en adéquation avec le territoire concerné, globalement, ils se rapportent aux questions que pose la collaboration entre les différents lieux autour du monde. En sus de ces réseaux géographiques, des réseaux thématiques se structurent comme par exemple le réseau des HumanLab.
Par ailleurs, tiers-lieux aux statuts variés devant faire face au flou institutionnel qu’implique leur nouveauté et leur expansion rapide dans le paysage international, les FabLabs peinent parfois à trouver une reconnaissance politique (et donc financière) de leur utilité sur un territoire, mettant ainsi en péril les activités qu’ils proposent. Pourtant, leur importance n’est plus à prouver : depuis 20 ans maintenant, plus de 3000 FabLabs ont éclos dans le monde et la France en concentre plus de 10%, confirmant l’engouement social et sociétal autour de ces lieux. Si “être en complémentarité avec les autres structures qui existent sur le territoire et qui œuvrent sur des actions proches est indispensable”7, se réunir en réseau constitue alors une réponse collective ayant pour but de défendre les intérêts (communs) et les faire coïncider avec l’intérêt général.
En fil rouge, semble finalement se dégager un enjeu d’existence et d’identité à ces différentes échelles : comment parvenir à faire collaborer ces organisations hétérogènes et autonomes, relevant de la même appellation mais dont les identités propres sont justement basées sur la décentralisation du mouvement ? Comment trouver du commun au travers d’une multitude de FabLabs, défendant leur caractère unique, mais dont la survie dépend précisément souvent du rassemblement et de la mutualisation ?
Cet article est publié en Licence Ouverte 2.0 afin d’en favoriser l’essaimage et la mise en discussion.