La Coordination des lieux intermédiaires et indépendants (CNLII) accompagne la mise en réseau, l’interconnaissance et la reconnaissance des lieux artistiques et culturels. Aperçu des ressources qu’elle alimente et des lignes directrices qui la constituent.
Les lieux intermédiaires et indépendants culturels et artistiques (LII), protéiformes et hétérogènes, se définissent comme « des espaces de travail, de création et parfois de diffusion » : ils proposent des locaux, des équipements, voire des services mutualisés aux artistes et aux travailleurs culturels du territoire où ils sont implantés et accueillent la population à l’occasion d’activités et de manifestations diverses. Depuis sa création en 2014, suite au premier forum national à Mantes-la-Jolie, la Coordination nationale des lieux intermédiaires et indépendants (CNLII) s’attache ainsi à défendre, valoriser et faire reconnaître ces lieux. Elle œuvre à penser le « caractère essentiel de la place qu’occupent désormais les lieux intermédiaires et indépendants dans le renouvellement des pratiques culturelles et dans l’expérimentation et la création artistique contemporaines, aux échelles locales, nationales et internationales ». Regroupant des réseaux régionaux ou territoriaux ainsi que plusieurs fédérations nationales (Fraap, Ufisc, Fedelima, Fédération Nationale des Arts de la Rue), la CNLII est animée au démarrage par le centre de ressources Artfactories/autreparts.
Plusieurs Forums nationaux (2014, 2016, 2019 et 2022) et des temps de mobilisation territoriale ont rythmé la première décennie de structuration de ce réseau qui cartographie aujourd’hui plus de 230 lieux. La plupart d’entre eux sont signataires d’une charte, texte de référence co-construit au sein d’un comité de pilotage qui définit sept engagements et vise à « traduire les valeurs et démarches de ces lieux artistiques, collaboratifs et alternatifs, où s’expérimente une démocratie culturelle en acte ».
Acteur moteur et ressource pour la reconnaissance de ces lieux culturels tiers et de la structuration de leurs dynamiques territoriales, la CNLII édite notamment les Actes des différents forums nationaux, qui constituent des espaces de mise en dialogue et en réflexion de ce que sont et ce que font ces acteurs, dans leur très grande diversité. Sont ainsi travaillées et restituées dans les Actes au fil des années, des thématiques à la fois techniques et politiques, telles que : « la tension entre l’organisation interne centrée sur les membres et leurs processus de création et la nécessité de l’irrigation, de l’ouverture à des regards ou des acteurs extérieurs », le « repositionnement et la réappropriation constante » du projet collectif et de son cadre juridique, la complémentarité avec les lieux institutionnels et l’enjeu de coconstruction avec les pouvoirs publics, l’autoévaluation comme outil stratégique de transformation des relations avec les partenaires publics, les pièges de l’urbanisme transitoire et l’idée d’un « rapport renouvelé à la propriété »… Plus récemment, il s’agit de se rappeler l’histoire ancienne de ces collectifs d’artistes pour lesquels « le geste artistique est pensé comme un processus » et interroger leur place dans « le moment tiers lieux ».
Pris dans les défis de la nécessaire bifurcation écologique et des transformations sociales qui l’accompagnent, les lieux intermédiaires et indépendants entendent poursuivre leur structuration politique tant nationale que territoriale et réaffirmer ce qui les caractérise dans un paysage culturel et artistique à présent marqué par une relecture des droits culturels.
Cet article est publié en Licence Ouverte 2.0 afin d’en favoriser l’essaimage et la mise en discussion.