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Des bibliothèques troisième lieu aux bibliothèques tiers-lieux ?

Le hacking bienveillant de l’institution pour rétablir la confiance

8 décembre 2022

Dans le monde des bibliothèques, deux occurrences sont d’usage pour décrire un courant qui a pour ambition de fonder les projets d’établissements sur l’humain, les usagers, le collaboratif : les bibliothèques troisième lieu et les bibliothèques tiers-lieux. Rencontre avec Mathilde Servet, chargée de mission services innovants au sein des bibliothèques de la Ville de Paris et membre du conseil d’administration de Association Nationale des Tiers-Lieux , sur le sujet.

Entre, “bibliothèques troisième lieu” et “bibliothèques tiers-lieux”, quelle distinction ? J’ai traduit la première appellation ainsi, car en 2008, à l’époque où j’ai rédigé un mémoire à ce sujet « Les bibliothèques troisième lieu. Une nouvelle génération d’établissements culturels », BBF, 2010, n° 4.http://bbf.enssib.fr/ consulter/bbf-2010-04-0057-001, on parlait aux Etats-Unis de « third place libraries ». La notion de « third place » ou « troisième lieu » avait été forgée par le sociologue urbain Ray Oldenburg, au début des années 1980 pour décrire des espaces, qui aux côtés des premiers lieux, relevant du domaine de la maison, de l’univers intime, et des seconds lieux dédiés au travail, permettaient à la vie communautaire Afin de redonner de la vigueur au capital social, à un « nous » plus incarné, le sociologue américain Robert Putnam souligne lui aussi l’urgence de mettre à disposition des gens des lieux qui leur permettent de tisser des liens entre communautés (bridging capital) et non qui invitent uniquement à resserrer des liens communautaires (bonding capital). de s’épanouir de façon informelle et de renforcer le sentiment d’appartenance entre les membres d’une collectivité, d’un quartier. Dans la France de 2022, où les fractures sociales et la défiance sont marquées, le besoin de troisièmes lieux s’avère encore plus criant. 

On le sait peu, mais les bibliothèques publiques, au nombre de 16 000 en France, sont les équipements culturels les plus fréquentés, en raison de leur gratuité et de leurs larges horaires d’ouvertures. Elles ouvrent de plus en plus le dimanche et certaines le soir. Elles s’adressent par ailleurs à tout le monde : on y trouve des enfants, des familles, des personnes âgées, des gens de tous horizons sociaux, des personnes isolées, des migrants, des sdf, etc. Elles fonctionnent comme des territoires neutres, où les usagers déposent en quelque sorte leurs insignes sociaux avant d’y entrer et se côtoient, interagissent. En ce sens, elles fonctionnent comme des troisièmes lieux idoines, depuis très longtemps. Un historien anglais des bibliothèques le confirme : « Aux côtés d’autres établissements de la vie de tous les jours, où l’on peut traîner et se détendre, à l’instar des cafés, librairies, tavernes, lunch clubs et centres communautaires, elles [les bibliothèques] ont historiquement témoigné des qualités essentielles propres au ‘troisième lieu’ : elles représentent des endroits neutres, gommant les clivages sociaux, plutôt sans prétention, communautaires ; elles constituent des territoires familiers, confortables, accessibles, qui favorisent l’interaction, la conversation (dans certaines limites) et une ambiance joyeuse ; elles sont fréquentées par des ‘habitués’ et font fonction de second chez-soi, soulageant les individus du train-train quotidien, procurant réconfort et distraction». A. Black, « Socially controlled space or public sphere ‘third place’ ? Adult reading rooms in early British public libraries » in M. Koren (Dir.), Working for Five Star Libraries. International Perspectives on a Century of Public Library Advocacy and Development, Den Haag, Vereniging openbare bibliotheken/Biblion, 2008, p. 27-41 (Traduction: Mathilde Servet).

Mais la marge de manœuvre est grande : on peut instiller un peu d’essence de « troisième lieu » dans une bibliothèque ou pousser le curseur très loin, en termes de convivialité. D’autres bibliothèques souhaitent aller bien plus loin et positionner la co-construction, le faire ensemble avec les habitants et tout un écosystème d’acteurs sur un territoire, au cœur de leur démarche. C’est ce qui distingue les bibliothèques tiers-lieux des bibliothèques troisième lieu. Le monde des tiers-lieux a ajouté un étage au concept initial de troisième lieu, en l’associant à la conception et l’administration en commun. Les bibliothèques tiers-lieux investissent ce champ, partageant de nombreux marqueurs de la culture tiers-lieu Niveleur social, accessibilité, brassage social et intergénérationnel, collectif, droits culturels, espace de sociabilité, de conversation et d’échange, espace de plaisir et d’amusement, second chez-soi, bénéfices personnels (nouveauté, autres perspectives, bienveillance, vision positive des autres, bien-vivre ensemble), espace facilitateur pour connecter différentes personnes, acteurs et activités, co-construction, mutualisation, communs de la connaissance,  apprentissage par les pairs et par le faire, empowerment, engagement citoyen, intérêt général, création de projets en mode horizontal, développement de projets innovants sur un territoire, lieu modulable et réinventable, hybridation, expérimentations, laboratoire des transitions sociétales, etc., tout en permettant aux gens d’y faire ce qu’ils y souhaitent et de répondre à leurs différents besoins, de la simple lecture d’un livre à un engagement citoyen. 

Plus-value des bibliothèques tiers-lieux : des espaces réellement ouverts à tous et inclusifs

Dans les bibliothèques tiers-lieux, c’est la qualité de la relation avec les gens qui prime avant toute chose. Pour faire société, il faut avant tout nouer des liens de confiance, se sentir dans une zone de sécurité psychologique. C’est ce terreau qui va nourrir les projets réalisés en commun. Ainsi, des centaines de personnes (habitants, artistes, professionnels de toutes natures, etc.) ne s’engageraient pas dans la grande action de land art « Le fil rouge », organisée depuis quelques années par la bibliothèque tiers-lieu de Saint-Aubain-du-Pavail sans ce préalable. Les habitants y sont force de proposition pour cette raison. Lors d’une journée sur le bien-être, l’ancienne pharmacienne du village va transmettre ses connaissance sur les plantes de la région lors d’une balade ponctuées de lectures, le jardinet partagé sera l’occasion de se familiariser avec les vertus des herbes, une autre usagère se formant au shiatsu va masser des dizaines de personnes à la bibliothèque pour valider son diplôme. Une autre fois, les habitants apportent de vieux morceaux de ferraille et réalisent avec l’aide du cirque voisin « Les frères ailleurs » de très belles sculptures à la Tinguely. Il y a dans ce lieu une effervescence permanente autour des livres, de savoirs partagés, de propositions des uns et des autres, de moments festifs, une atmosphère chaleureuse qui permet à n’importe qui de s’y sentir bien.   

Beaucoup de tiers-lieux intimident malgré eux, car ils ont une identité très forte ou des publics pouvant être perçus comme trop spécifiques. Ce faisant, ils ne peuvent opérer comme des troisièmes lieux, des lieux réellement ouverts à tous et génèrent davantage de « bonding capital » (cf. seconde note de bas de page). Les gens osent souvent pousser plus facilement la porte des fabs labs situés en bibliothèques, car ils ne se sentent pas jugés et n’ont pas l’impression de devoir être geek. Lorsque je travaillais à la bibliothèque publique d’information de Beaubourg, Pôle emploi était venu nous voir, car les ateliers de recherche d’emploi (reprendre confiance en soi grâce aux techniques du théâtre, mieux comprendre le monde de l’entreprise, simulation d’entretien d’embauche, sessions de co-searching de travail qui réunissaient jusqu’à une cinquantaine de participants, devenir auto-entrepreneur, écrire autour de son projet professionnel, etc.) que nous proposions en partenariat avec la Cité des métiers, en écho à nos collections de livres sur la même thématique, affichaient pour certains d’entre eux davantage complet que les leurs. Pourquoi ? Car, on ne colle pas d’étiquette « chômeur » ou « marginal » aux gens qui viennent à ces ateliers en bibliothèque. Ils viennent librement et se sentent suffisamment à l’aise pour le faire. Le sociologue Serge Paugam, spécialiste de la disqualification sociale, qui a consacré une étude Serge Paugam et Camilla Giorgeti, Des pauvres à la bibliothèque : Enquête au Centre Pompidou, PUF, coll. Le lien social, 2013, p 13. La bibliothèque fait fonction de niveleur social, mais aussi de de sas d’intégration, d’acculturation, notamment pour les migrants. aux publics en difficulté (pauvres, sans-abri, chômeurs…) qui fréquentent la Bibliothèque publique d’information (Bpi) de Beaubourg la décrit comme un « lieu de résistance au stigmate », car pour une fois, chose assez rare, les personnes en situation plus précaire, ont un peu l’impression d’être comme les autres, d’être un peu « comme à la maison », à l’instar des sans-abris. La bibliothèque a en ce sens une forte dimension thérapeutique et inclusive.

Le groupe de travail « médiathèques tiers-lieux » , un collectif qui a pour but d’accompagner leur développement, de partager des connaissances et de s’entraider 

Au sein de l’Association nationale des Tiers-Lieux, le groupe de travail « médiathèques tiers-lieux » qui rassemble des collègues de toute la France, se réunit régulièrement, en collectif selon des modalités synchrones et en petits groupes de travail sur des temps asynchrones. Il a établi entre janvier 2021 et juin 2022 une feuille de route comportant trois volets : développer la culture tiers-lieu en médiathèques, accompagner le changement de postures et de compétences, activer les synergies de territoire et l’animation de communautés. Le GIP France Tiers-Lieux et l’association donnent une visibilité qui manquait aux bibliothèques tiers-lieux. Ils leur procurent une légitimité et permettent d’actionner des leviers stratégiques à une échelle nationale. Notre groupe fait tiers-lieu sans espace physique et fonctionne en collectif ouvert, collaboratif et aidant. Il permet de rompre l’isolement des collègues, il a pour ambition de les outiller, de faciliter l’épanouissement de leurs projets, de proposer des sessions de co-développement et de mailler sur les territoires avec les autres tiers-lieux. Parmi les besoins recensés les plus urgents, nous souhaitons donner mieux à voir la diversité et la richesse des actions menées dans les des bibliothèques tiers-lieux et mieux faire comprendre aux élus ce qu’implique une démarche tiers-lieu dans l’institution.

Lâcher du pouvoir, travailler la confiance et changer l’image de l’institution

Les bibliothèques tiers-lieu ont le vent en poupe et de nombreux élus « commandent » la leur sans réellement comprendre de quoi il est question. Or, quand il s’agit de faire réellement de la place aux gens, d’assouplir le cadre institutionnel, d’introduire une dose d’incontrôlable et d’indéfinissable, de lâcher du pouvoir, cela devient plus complexe. Certaines médiathèques, pourtant objets institutionnels phares dans leurs collectivités y parviennent, en ménageant des espaces mentaux et physiques que les citoyens peuvent investir. La médiathèque des Champs Libres à Rennes propose en ces murs un espace 4C (pour créativité, collaboration, connaissances et citoyenneté), où les habitants peuvent se retrouver régulièrement à la façon de communautés apprenantes autour d’intérêts partagés (converser en italien, en chinois ou en breton, prendre le goûter en famille et jouer en espagnol ou en allemand, échanger ses astuces pour réduire ses déchets, s’entraider dans la recherche d’emploi ou les devoirs, éditer des articles sur Wikipédia, construire une cartographie libre sur Open Street Map, etc.). 

La médiathèque tiers-lieu opère comme une plateforme à disposition des habitants, un lieu d’accueil et de ressources, répondant à leurs besoins et leurs intérêts. A Languidic, la bibliothèque a recensé les savoirs et savoir-faire des habitants en ligne grâce à l’outil Steeple. Ils peuvent se rencontrer à la bibliothèque pour les partager, travailler à des projets communs. Depuis la Covid, ils s’échangent également des services. Des formes de gouvernance inédites, fondées sur le partage des responsabilités et l’intelligence collective, commencent à voir le jour. C’est le sens d’une expérimentation de gouvernance partagée Cette initiative a été pilotée par Aurélie Bertrand, bibliothécaire , facilitatrice en intelligence collective et accompagnatrice de projets. Tous les éléments sur la Bulle figurant dans cet article ont été fournis par Aurélie Bertrand. qui a été menée un temps donné au tiers-lieu La Bulle à Annemasse, ouvert en 2020, implanté dans un quartier prioritaire de la ville et réunissant une bibliothèque, une ludothèque, un espace citoyen, ouvert quarante-deux heures par semaine. Fondée sur quatre valeurs 1) la collaboration ou faire ensemble (Partager des outils et des compétences, développer la capacitation citoyenne, encourager la solidarité de proximité), 2) l’inclusion ou être ensemble (favoriser les interactions sociales, générationnelles et culturelles, rassembler une communauté apprenante), 3) l’ouverture ou découvrir ensemble (s’inspirer de projets et d’acteurs stimulants, créer des synergies entre les cultures et les savoirs, élargir les dynamiques de territoire) et 4) l’innovation ou rêver ensemble (faciliter les initiatives, expérimenter des solutions et des modèles originaux, intégrer des méthodes d’intelligence collective) qui opèrent à la fois comme des lignes directrices et des garde-fous, les objectifs stratégiques de cette démarche était de favoriser la cohésion sociale, l’accès au numérique, le développement économique et professionnel De façon similaire, à la médiathèque-estaminet de Grenay, fabrique de territoire, les professionnels de la ville interviennent parfois à la médiathèque, notamment dans le cadre de la démarche « Nos habitants ont du talent » et proposent des ateliers qui valorisent leurs compétences et savoir-faire, à l’instar des sessions culinaires participatives proposées par le boulanger et très appréciées des gens. Le but en filigrane est aussi de donner à voir des métiers de façon positive et de pouvoir susciter des vocations. et d’améliorer le cadre de vie. Tout le monde pouvait soumettre des projets dans le respect des valeurs de la Bulle et trois corps électoraux (élus, habitants, professionnels) avaient le même poids décisionnel. Cela a généré beaucoup de liens entre les habitants de quartier issus de diverses communautés et qui ne se fréquentaient pas forcément auparavant, beaucoup de partage. Ainsi, un usager, à la suggestion de sa fille, a proposé un concert de musique afghane qui a rassemblé une centaine de personnes dans une ambiance très émouvante. L’idée est ici que l’institution facilite l’expression des gens, mette en valeur toutes les formes de cultures et apporte une reconnaissance à des personnes qui ne se sentent pas forcément légitimes. Quand la confiance est là, d’autres choses peuvent advenir. Des jeunes du quartier avaient endommagé des mobiliers de la bibliothèque et ont proposé de les rembourser. Là où certaines bibliothèques, représentantes de l’institution, brûlent  Denis Merklen, Pourquoi brûle-t-on des bibliothèques ?, Villeurbanne, Presses de l’Enssib, coll. « Papiers », 2013. dans des quartiers défavorisés, on voit ici comment la qualité relationnelle peut changer le rapport à l’institution. La solution retenue pour réparer le mobilier a d’ailleurs été de le réparer ensemble. Phénomène similaire à la médiathèque en Dore et Allier en Auvergne, tiers-lieu très investi par les habitants et pensé en amont de son ouverture lors de chantiers participatifs avec environ mille d’entre eux  La démarche a été accompagnée par la 27ème région et est documentée en ligne : https://www.la27eregion.fr/retour-sur-residence-entre-dore-et-allier-une-mediatheque-sur-la-place-publique/ : les enseignants sont venus voir les bibliothécaires pour essayer de comprendre pourquoi les adolescents participent tant sur leur temps libre à la vie de la bibliothèque, y interagissent avec envie et respect, y rangeant même les chaises…

Fabriquer la ville de demain avec ceux qui l’habitent

A Vaulx-en-Velin, des émeutes avaient ravagé le quartier du Mas du Taureau dans les années 1990. Un long processus de reconstruction a été mis en place, en impliquant les habitants dès le départ dans la co-construction d’une nouvelle médiathèque, en leur proposant des visites inspirantes, cherchant à creuser en profondeur ce dont ils avaient besoin, ce qui les animait, comment on pouvait les aider à faire grandir leurs projets. Le pôle Léonard de Vinci, médiathèque – maison de quartier, tiers-lieu et fabrique de territoire, dont l’inauguration officielle a eu lieu fin juin 2022, fonctionne comme un lieu participatif, propose des activités culturelles et encourage les dynamiques associatives. L’équipe pluridisciplinaire comprend des bibliothécaires et des profils du champ social qui travaillent ensemble. Cette hybridation des compétences est nécessaire pour accompagner au mieux les habitants et les placer au cœur  de la dynamique des projets. Pour relier les gens et construire la ville au plus près d’eux.

A la bibliothèque Grünerløkka d’Oslo, très bien achalandée en collections, où les gens viennent lire et travailler, on s’occupe ensemble du jardin, on cuisine et on mange ensemble une fois par mois dans la grande salle qui accueille les évènements culturels et qui est reconfigurable. Il y a un meuble-bar couvert de livres avec un réfrigérateur à l’intérieur qui sert de comptoir lors des festivals culturels. On y trouve un fablab caché dans un mur et une très belle cuisine mise à disposition des bénévoles et des associations. On construit tous les projets ensemble autour d’une grande table conviviale avec les collègues, les associations et les habitants du quartier. On s’engage dans des partenariats longs comme celui des « cafés en norvégien » avec la Croix Rouge. Tous les espaces ont été reconfigurés en 2019 avec l’architecte Aat Vos et on s’y sent très bien, entre la bibliothèque, le jardin (la bibliothèque regorge de plantes et a une grainothèque) et la maison. La bibliothèque est engagée dans une démarche environnementale forte et invite dans ses actions à une réflexion sur le partage, le prêt, le recyclage, le cycle long des objets. On expérimente, on explore, on teste de nouvelles façons de faire société, de façon plus durable et solidaire. La grande place devant la bibliothèque qui était le lieu auparavant de tensions et d’usages illicites, est régulièrement investie pour des moments culturels et conviviaux. L’ambiance a changé, des familles et d’autres publics sont revenus. Le maître-mot est la confiance et on laisse l’accès le soir aux usagers quand les bibliothécaires ne sont pas là. Sur un millier d’action organisées ces dernières années (dont de nombreux concerts faits par les jeunes du quartier), seuls deux micros ont disparu et de nombreux câbles sont apparus. On a une seule envie en partant, c’est d’y revenir. Quand la dynamique de participation citoyenne devient une politique territoriale réellement sincère, le modèle tiers-lieu peut être un formidable outil, un agent de changement majeur pour imaginer la ville de demain avec les gens, lui donner un vrai sens et réenchanter la vision du futur.

Cet article est publié en Licence CC By SA afin d’en favoriser l’essaimage et la mise en discussion.