Conférence

Tiers-lieux et Recherches Participatives

Colloque International sur les Recherches Participatives à l’Université de Caen

du 22 au 24 novembre
colloque RP Caen

Résumé

Dans le cadre de leur projet commun de labellisation SAPS, l’université de Caen Normandie et Le Dôme ont choisi de mettre l’accent sur le développement de programmes de recherche participative, dans lesquels des citoyennes et citoyens, des étudiantes et étudiantes, des publics non scientifiques de tous horizons, sont invités à participer à différentes phases de programmes de recherche scientifique auprès d’équipes de l’université. Mais que sont exactement ces recherches participatives, dans leur diversité ? Quels types de sciences, ou de connaissances, produisent-elles ? Quelles sont leurs méthodes peut-être spécifiques ? Comment favoriser l’émergence de recherches participatives qui s’articulent aux préoccupations d’une population, d’un territoire, avec les méthodes et objectifs propres aux chercheurs et chercheuses ? Quel peut être l’impact de ce type de recherches sur l’action publique et collective ?

Ce premier colloque sur les programmes de recherche participative à l’université de Caen ambitionne d’aborder ces questions en réunissant des chercheurs et chercheuses qui étudient le phénomène de la participation aux sciences et des chercheurs, chercheuses et acteurs, actrices engagé·es dans des programmes de recherche participative. Pour cette première édition, le colloque propose en particulier, d’interroger les conceptions épistémologiques qui sous tendent les dispositifs de recherches participatives.

Des Tiers-Lieux de recherche représentés pendant le Colloque

Le tiers lieu et fablab le Dôme (Caen) sera présent pendant ce colloque notamment François Millet, doctorant au CERREV et directeur des projets sciences et société au Dôme, centre de culture scientifique de Caen Normandie – membre du Réseau Particip’Arc, pour présenter les nouveaux modes de production de connaissances pour la recherche à travers des formats de médiation culturelle.

Trait d’Union, tiers lieu de recherche pour favoriser les synergies entre sciences sociétés, sera représenté par l’intermédiaire de Julien Mary, docteur en histoire, IR CNRS, référent scientifique de la MSH SUD.

Le Living lab Territorial pour les Transitions sociales et Écologiques (LTTE), sera représenté par Danny Lapostolle, maître de conférence HDR en aménagement de l’espace et urbanisme et membre de l’UMR Thema (université de Bourgogne). Créé en 2018, le LTTE est un collectif de recherche, abrité par la Maison des Sciences de l’Homme de Dijon (USR CNRS 3516).

Des questionnements autour des Sciences et Société

Cinq ans après l’inclusion d’une dynamique Swafs (Science with and for society) dans le programme Horizon 2020 porté par la Commission européenne ; deux ans après le lancement du programme “Science avec et pour la société” de l’Agence nationale de la recherche en France en 2021, conformément à la Loi pluriannuelle de programmation de la recherche, ce colloque porté par l’université de Caen Normandie propose de réunir praticiens et praticiennes, chercheurs et chercheuses afin de poursuivre le travail d’analyse et de définition des champs liés aux recherches et sciences participatives au regard de cette nouvelle étape dans le processus d’institutionnalisation.

On pourrait, pour commencer, s’interroger sur le sens de l’expression “science avec et pour la société”, qui vient s’ajouter à “science et société” et “science en société”. Du point de vue des études des sciences et des techniques, elle peut sembler relever du pléonasme. Donna Haraway ne montre-t-elle pas que la production de connaissances scientifiques se fait toujours, d’une certaine manière, “pour et avec la société” ou, plus exactement, “pour et avec une certaine idée de la société” ? Aussi la question est-elle moins de savoir en quoi les recherches et les sciences participatives permettent de faire des sciences pour et avec la société, mais comment elles permettent de le faire autrement.

Les réponses à cette question varient bien entendu en fonction du sens que l’on met derrière les mots de science et de société. On peut d’ailleurs faire l’hypothèse que les controverses qui animent le champ des recherches participatives – une autre notion à interroger – tiennent en partie aux conceptions épistémologiques et politiques qui sous-tendent les formes et dispositifs de participation. Par exemple, le chercheur canadien Budd Hall voit dans la “recherche-action participative”, un concept dont il revendique la paternité, une façon de concrétiser une épistémologie radicale reposant sur la reconnaissance du pluralisme des savoirs et affirmant une visée politique, celle de lutter contre les oppressions (voir Godrie, Juan, Carrel, 2022). Dans le cas des “sciences participatives”, il s’agit moins de critiquer le raisonnement scientifique que de renforcer son hégémonie en renforçant la “culture scientifique” du public. Si les savoirs locaux, d’usage, expérientiels, autochtones peuvent avoir droit de cité dans les sciences participatives, c’est à condition qu’ils puissent être intégrés au corpus des connaissances scientifiques.