Avec près de 50% de leur financement provenant de subventions publiques, le modèle économique des tiers-lieux est secoué par le désengagement de l’État et des collectivités. Le mécénat n’est pas encore la norme mais est-il la solution pour palier à cette crise ? Les tiers-lieux sont-ils en capacité de répondre aux exigences des fondations oscillant entre contrôle et confiance ?
Au printemps 2020, au cœur de la crise Covid, la communauté des makers s’est mobilisée pour apporter des équipements de protection à des équipes sanitaires démunies face à la pandémie. Le Réseau français des FabLabs (RFFLabs) a joué un rôle central dans la coordination de ces efforts et la représentation du mouvement auprès des pouvoirs publics. Cet engagement sans précédent a mis en lumière la capacité d’innovation et de solidarité des makers, contribuant significativement à la réponse nationale face à la crise sanitaire.
Ce que l’on sait moins, c’est le rôle de la philanthropie dans le financement, mais aussi la structuration de cette communauté. À l’époque, la Fondation de France, en partenariat avec l’Institut Pasteur et l’AP-HP, lance l’appel aux dons « Tous unis contre le virus ». Il vise à mobiliser la solidarité nationale pour soutenir les personnels soignants, la recherche, et l’aide apportée aux personnes les plus vulnérables. Grâce à la générosité des Français, plus de 40 millions d’euros sont collectés, permettant de financer plus de 1 000 initiatives dans ces différents domaines. Parmi ces projets, la décision est prise de créer un fonds de solidarité dédié aux makers. Le rôle joué par le RFFLabs conduit la Fondation de France à lui proposer de recevoir les financements, charge à lui de redistribuer les aides auprès des membres du réseau. À sa grande surprise, la Fondation de France se voit décliner son offre car, en toute transparence, le RFFLabs, alors animé par des bénévoles, ne se sent pas la capacité de gérer autant d’argent. C’est finalement France Tiers Lieux qui aura la charge d’administrer ces fonds au service de la communauté des makers.
Au regard de l’équipe chargée du programme “Inventer Demain” à la Fondation de France, cette situation révèle un paradoxe entre la capacité de transformation d’un réseau face à une crise majeure et son absence de professionnalisation. Le dialogue qui s’ensuit entre RFFLabs et la Fondation de France plante les germes de ce qui deviendra le programme Acteurs clés de changement, dont RFFLabs sera l’un des premiers bénéficiaires.
Mais au-delà du soutien à des acteurs du changement systémique, ce programme a pour ambition de changer le paradigme de la relation entre fondations et associations, en mettant la confiance au cœur du partenariat.
Une professionnalisation de la philanthropie d’essence entrepreneuriale
Pour comprendre cette évolution, il faut revenir aux racines entrepreneuriales de la professionnalisation de la philanthropie, en particulier aux États-Unis à la fin du XIXe siècle, avec de grands industriels comme John D. Rockefeller ou Andrew Carnegie qui associent leurs noms à de puissantes fondations. À cet « establishment » industriel et bancaire, succède au XXe siècle la vague des nouveaux financiers de Wall Street, jeunes diplômés aux origines sociales plus modestes Guilhot N. (2006), Financiers, philanthropes : Sociologie de Wall Street, Raisons d’agir dont l’enrichissement rapide est dû en grande partie à la dérégulation du secteur financier. Une génération chassant l’autre, les philanthropes « tech » de la Silicon Valley incarnent le philanthrocapitalisme du XXIe siècle, le « second âge d’or de la philanthropie américaine » Reich R. (2013), “« What are Foundations for? », Boston Review, https://www.bostonreview.net/forum/foundations-philanthropy-democracy/, personnifié par le couple Bill & Melinda Gates. Ces derniers mobilisent les ingrédients de leurs succès dans les affaires au service des causes soutenues.
Aujourd’hui, la professionnalisation des fondations est un trait marquant dans de nombreux pays. Elle se définit par des normes, des méthodes, des standards, des pratiques managériales issues du monde de l’entreprise. La « religion de l’efficacité » Minot D., (2019), A quoi sert la philanthropie ? Richesse privée, action publique ou mobilisation citoyenne, Editions Charles Léopold Mayer, Paris, le recours aux experts, aux cabinets de consultants, aux procédures de due diligence La « due diligence » désigne l’ensemble des vérifications préalables, avant de décider l’attribution d’une subvention, afin d’évaluer la solidité de l’organisation, la pertinence du projet au regard des critères, etc. Ce terme est emprunté au monde de l’investissement. pour sélectionner les meilleurs projets, la recherche permanente de l’innovation, la quête de l’essaimage, la religion des « key performance indicators » et de la mesure d’impact sont les apanages de beaucoup de fondations contemporaines.
Toutefois, ces pratiques et l’origine capitaliste des fonds philanthropiques ont suscité des critiques sur la légitimité démocratique des fondations, leur manque de transparence ou encore le maintien des inégalités. Si, depuis une décennie, les critiques se sont polarisées aux Etats-Unis, elles n’en demeurent pas moins pertinentes en Europe, malgré des différences d’histoire et de contexte.
Ces approches descendantes de la philanthropie créent une asymétrie forte dans la relation entre les fondations et leurs bénéficiaires qui se traduit dans des pratiques de contrôle et une défiance implicite. Ces contraintes excessives limitent pourtant l’impact des projets soutenus. C’est pourquoi, certains chercheurs et professionnels appellent à une plus grande inclusion, une plus grande écoute et une « horizontalisation des rapports de collaboration » Duvoux N. & Lefèvre S. A. (2023). Philanthropie et démocratie : enjeux et perspectives pour les fondations au XIXe siècle, Observatoire de la Philanthropie, Fondation de France, Paris.
Le don comme relation sociale ou forme de contrôle ?
L’anthropologue Marcel Mauss a posé les bases de la relation entre donateur et bénéficiaire dans son Essai sur le don Mauss M. (1925, 2007, 2023), Essai sur le Don : Forme et raison de l’échange dans les sociétés archaïques, PUF, Quadrige, Paris, p. 153. Dans cet ouvrage, il rend visible le concept de « don et contre-don » et souligne l’asymétrie entre le donateur et le bénéficiaire, le premier ne pouvant prouver sa « fortune qu’en la dépensant, en la distribuant, en humiliant les autres, en les mettant « à l’ombre de son nom» Ibid., p. 109. Pour autant, les relations entre les fondations et les associations ont été peu étudiées dans la littérature académique. Si des recherches ont éclairé la notion de « relation sociale » entre fondations et associations, S. Ostrander a néanmoins constaté que la philanthropie développe d’autres formes de relation basées sur le contrôle, l’influence des cercles de pairs et le recours à des intermédiaires comme les consultants qui privilégient avant tout les intérêts et valeurs des donateurs Ostrander S. (2007), The Growth of Donor Control: Revisiting the Social Relations of Philanthropy, Nonprofit and Voluntary Sector Quarterly, vol. 36, no. 2, June 2007, pp. 356-372. Ce besoin de contrôle est motivé en partie par la compétition entre les bénéficiaires pour diversifier leurs ressources, en particulier dans un contexte de désengagement des États ; mais aussi par la structuration de la richesse, qui est soit transmise à de nouvelles générations, soit accumulée par de nouveaux entrepreneurs désireux d’appliquer les méthodes qui ont fait leur succès dans les affaires à leur action philanthropique.
Le reporting est désormais l’élément structurant de la relation avec les bénéficiaires. Il est motivé par l’aversion au risque des donateurs, la légitimation de leur don, l’influence qu’ils souhaitent avoir sur les priorités des associations. Les dons sont de court terme, sous contraintes, affectés à un projet ou un programme, par opposition à des financements flexibles ou structurels. Si les dons non affectés deviennent de plus en plus populaires parmi les donateurs, ils ne sont pas la norme. Aux Etats-Unis, ils représentaient 11,5% du total des dons en 2000, 18% en 2005 Thornton J. (2010), “Explaining unrestricted giving by charitable foundations: A transaction cost approach”, International Journal of Industrial Organization 28, p. 44-53. et ils étaient estimés à 21% avant le début de la pandémie de Covid-19 Buteau E. et al. (2020), New Attitudes, Old practices: The provision of multiyear General Operating Support, The Center for Effective Philanthropy . Il y a certes progression, mais près de 80% des fondations ont toujours une vision court terme de leur engagement.
L’émergence de nouvelles pratiques basées sur la confiance
À partir des années 2010, différentes initiatives émergent aux Etats-Unis pour proposer de nouvelles manières d’envisager la relation entre fondations et associations, telles le Full Cost Project en Californie qui encourage les fondations à financer les frais de structures ou le programme BUILD (Building Institutions and Networks) de la Fondation Ford reposant sur des financements pluriannuels.
D’abord marginal, ce mouvement prend de l’ampleur à la suite de deux évènements majeurs : la crise du Covid-19 et l’accélération du mouvement Black Lives Matter aux États-Unis à la suite du décès de George Floyd. Si ce tragique évènement fait prendre conscience de l’invisibilisation des questions raciales dans la philanthropie américaine, la pandémie entraîne des répercussions sur la philanthropie mondiale. D’un coup, les fondations se rendent compte qu’elles peuvent agir de manière différente et parfois plus performante.
Cette accélération du mouvement se formalise sous l’appellation de « Philanthropie basée sur la confiance » (voir Trust Based Philanthropy Project www.trustbasedphilanthropy.org), sous l’impulsion du Whitman Institute. D’après ses promoteurs, cette « nouvelle » philanthropie combine la manière d’être de la fondation (sa culture, ses normes), la manière dont elle est organisée (sa structure), ses pratiques professionnelles (financement pluriannuel non affecté, allégement administratif, accompagnement non financier, culture du feedback, etc) et enfin, sa capacité à inspirer autour de valeurs communes. Il s’agit de renforcer et d’autonomiser les organisations soutenues afin que celles-ci soient toutes entières tournées vers leur mission.
Ces initiatives plaident pour des relations basées sur le dialogue plutôt que le reporting, l’apprentissage plutôt que le contrôle, un partenariat basé sur « l’esprit de service » Bearman J., Myrick E. (2018), « Reporting Through Conversation: Building Trust and Relationship », Interview with John Esterle, co-director of The Whitman Institute, The Center for Effective Philanthropy, https://cep.org et une plus grande horizontalité de rapports entre partenaires, pouvant aller jusqu’à la participation des associations à la prise de décision.
Si des voix se font parfois entendre pour critiquer la philanthropie basée sur la confiance Sommer S. (2022), « It’s time to ditch the mantra of trust-based philanthropy », Alliance Magazine, https://www.alliancemagazine.org/ ; Horvarth A., McElroy M., (2024), “How Trust Works and To Whom It Is Owed”, The Bridgespan Group et si ses pratiques sont encore peu généralisées, les professionnels du secteur les regardent avec beaucoup d’intérêt. En France, des initiatives émergent pour créer de nouveaux rapports relationnels entre fondations et associations où les dimensions de réciprocité, de compréhension de l’autre, d’expérience commune, de dialogue, de respect mutuel ou encore d’engagement de long terme prennent le pas sur les visions descendantes et court-termistes de la philanthropie traditionnelle. À ce titre, la Fondation de France, à travers son programme Inventer Demain – Acteurs clés de changement, devient un lieu d’expérimentation et d’essaimage de nouvelles pratiques philanthropiques.
Inventer la philanthropie de demain
Comme beaucoup d’organisations, la Fondation de France a dû adapter ses pratiques aux bouleversements engendrés par la pandémie de Covid-19. En première ligne pour répondre aux attentes des associations face à la crise, elle a adapté ses équipes et ses procédures vers plus de souplesse et de proximité avec ses partenaires.
Comme le rappelle Marion ben Hammo, responsable du Laboratoire Inventer Demain à la Fondation de France : « Le Covid a été une période qui nous a permis d’accélérer des choses qui étaient déjà en germe. Le souhait de la Fondation de soutenir d’une part des associations qui transforment en profondeur la société, et la capacité – démontrée pendant le Covid – de mobiliser davantage la diversité de nos réseaux pour faire naître des interactions Webinaire Racines « Inventer demain : vers une philanthropie fondée sur la confiance », 17/10/2024 ».
En effet, dès les années 2013-2014, la Fondation de France aborde l’angle de la transformation systémique (par exemple en soutenant le programme Territoires Zéro Chômeur de Longue Durée) et celui des démarches participatives (via un appel à projets), deux initiatives qui lui permettent de nouer des relations différentes avec ses partenaires, en particulier en révélant le rôle de connecteur de la fondation. Forte de ses premières expériences, dès le premier confinement de 2020, la Fondation de France a l’intuition qu’il devient nécessaire de modifier ses relations avec ses partenaires. Par ailleurs, à la même époque, elle veut intégrer la vision de changement systémique à l’ensemble de ses programmes et s’éloigner de la posture de réparation, propre à la grande majorité de la philanthropie française, pour être un acteur de la transformation.
Il s’agit de remplacer le reporting par des moments de réflexion collective, d’accompagnement et d’échange, pour rendre compte des difficultés, aussi bien des associations que de la Fondation de France.
La conjonction de ces deux réflexions – changer les relations et agir à la racine des problèmes – conduit la Fondation de France à initier dès le second confinement, le programme expérimental « Inventer Demain – Acteurs clés de changement » auprès de 23 associations. Celles-ci sont sélectionnées selon trois critères très génériques : l’ambition de transformation, la capacité pressentie ou démontrée de porter cette ambition, et surtout la conviction qu’il est nécessaire de travailler collectivement. Ces Acteurs clés de changement – ou ACDC – viennent de secteurs très différents, souvent à la croisée de thématiques qui ne trouvent pas forcément de réponse dans les appels à projets et programmes classiques des fondations (ex : éducation et environnement ; numérique et handicap). On y retrouve aussi bien des acteurs de terrain que des têtes de réseau, comme le Réseau français des FabLabs. Les Petites Cantines et l’association Yes We Camp. Cette dernière est soutenue depuis 2019 par la Fondation de France Méditerranée dans le cadre d’un programme d’accompagnement à l’entrepreneuriat développé sur le site du projet Foresta, un parc urbain situé au nord de Marseille. Au plus fort de la crise Covid, l’antenne méditerranéenne et le siège de la Fondation de France soutiennent les programmes alimentaires de Yes We Camp sur les sites de Coco Velten à Marseille et des Grands Voisins à Paris. Ces premières collaborations mènent la fondation à proposer que l’association rejoigne le programme.
À l’origine, le cahier des charges est assez succinct. Il repose sur un financement structurel, pluriannuel et flexible selon les besoins ; un accompagnement individualisé, pas seulement technique mais qui permette de créer des connexions et de la réflexion ; et enfin, une dynamique collective de partage entre pairs pour favoriser l’émergence de coopérations.
La dimension la plus symbolique du changement de pratique est sans doute l’entretien trimestriel de suivi qui a lieu en visio avec chacune des associations. Comme le souligne Marion Ben Hammo, il s’agit de remplacer le traditionnel reporting écrit « par des moments de réflexion collective, des moments d’accompagnement et d’échange, pour rendre compte des avancées et des difficultés, aussi bien des associations que de la Fondation de France ». C’est le cadre sécurisé de l’échange et la régularité des entretiens qui permettent de construire la confiance. Par ailleurs, contrairement aux pratiques philanthropiques en vigueur, c’est la fondation qui produit le compte-rendu écrit de l’entretien et le fait valider par l’association.
La modalité sans doute la plus structurante du programme est celle des séminaires biannuels coorganisés par la Fondation de France et les associations. Ces séminaires sont ce que les ACDC en font, moments où se construit le collectif au-delà des enjeux de chaque structure individuelle, lieux où se créent des affinités, voire des amitiés, autant de jalons où se construit le récit d’acteurs qui ont une vision commune d’une transformation de la société plus inclusive, juste et écologique. Pour construire ce récit, les ACDC sont accompagnés par la coopérative Ellyx qui les aide à le formaliser autant sur leur contribution au changement, leur modèle économique ou encore les imaginaires au service de leur mission.
À travers cette expérimentation hors norme à plus d’un titre, par son budget et la granularité de son compagnonnage auprès des 23 associations, la Fondation de France se positionne comme le 24ème acteur clé de changement avec sa volonté d’inspirer un véritable changement de posture et de pratiques au sein de sa propre structure, mais aussi auprès des acteurs philanthropiques français.
Les Fondations… une ressource pour les tiers-lieux ?
La Fondation de France a accompagné le développement des tiers-lieux dès 2016, dans le cadre de son programme Emploi, avec plus de 60 organisations financées. Lorsqu’en août 2021, Jean Castex, alors premier ministre, annonce une enveloppe de 130 millions d’euros allouée au développement de cet écosystème, la sphère publique prend, en partie, le relais de la philanthropie https://www.info.gouv.fr/actualite/l-etat-confirme-son-engagement-en-faveur-des-tiers-lieux. Cette dernière joue, en effet, son plein potentiel lorsqu’elle prend le risque de l’innovation sociale et qu’elle permet de rendre visible, auprès des acteurs publics, des dispositifs essentiels mais peu soutenus.
En France, les fondations appartiennent au champ de l’économie sociale et solidaire, au même titre que les associations, les mutuelles et les coopératives. Conséquence de politiques publiques fortes, la dynamique de développement des fondations s’est accélérée au début des années 2000 favorisée par différents dispositifs législatifs comme la loi Aillagon qui a doté la France de l’un des régimes fiscaux les plus avantageux au monde ; la défiscalisation des dons à hauteur de 75% au titre de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), aujourd’hui de l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) ; et enfin la création du fonds de dotation. La « famille » des fonds et fondations regroupe aujourd’hui huit statuts juridiques différents Fonds de dotation, fondation reconnue d’utilité publique, fondation abritée sous l’égide d’une FRUP, fondation d’entreprise, fondation de coopération scientifique, fondation partenariale, fondation universitaire sous l’égide d’un établissement d’enseignement supérieur et de recherche, fondation hospitalière. qui portent plus de 5 600 structures Observatoire Philanthropie et Société (2024), Baromètre annuel de la philanthropie, Fondation de France dont environ 85% sont distributives ou redistributives de fonds collectés auprès du grand public.
Malgré ce dynamisme, il faut raison garder, si les dépenses des fondations représentent 16 milliards d’euros en 2023 Ibid., la part des fondations distributives n’est que d’environ 25% et beaucoup de structures sont de très petite taille. Les fondations ne compenseront hélas jamais la chute drastique des subventions publiques.
Selon le dernier recensement des tiers lieux en France, il apparaît que ceux-ci ont encore peu recours au mécénat dans le financement de leur fonctionnement Recensement des tiers-lieux en France, Enquête 2023, Observatoire des tiers-lieux, https://observatoire.francetierslieux.fr/donnees/. Il semble plus sollicité dans le cas d’investissement. Par ailleurs, le modèle juridique des tiers-lieux n’est pas toujours adapté au régime fiscal du mécénat. Même si 51% des structures ont un statut associatif, elles ne sont pas forcément épargnées par l’hybridité de leurs activités voguant entre l’intérêt général de leur mission et la lucrativité de certains de leurs services. Enfin, la recherche de financements philanthropiques nécessite une approche professionnelle et l’embauche de fundraisers aguerris pour faire face à la diversité des financeurs et de leurs demandes.
Les tiers-lieux peuvent avoir une vision utilitariste du mécénat et se contenter d’une transaction maussienne où le reporting fait office de contre-don. Ils peuvent aussi engager des relations en profondeur, des relations de confiance avec leurs bailleurs. Certes, cette approche nécessite des ressources humaines et du temps mais, au vu de l’expérimentation du programme de la Fondation de France, ces relations sont source de coopération, de revitalisation, de développement, d’apprentissages réciproques, au service de la consolidation et de la résilience des organisations.

Cet article est publié en Licence Ouverte 2.0 afin d’en favoriser l’essaimage et la mise en discussion.