Interview

Christophe Noullez (TiersLieuxEdu) nous parle des fablabs au collège

28 février 2022

Retour sur l’expérience du Fablab au collège Louise Michel de Clichy-sous-Bois et son évolution en Établissement de Services avec son fondateur Christophe Noullez, professeur de technologie et trésorier de l’association Tiers-Lieux Edu.

Quelles étaient les grandes lignes du fablab au sein du collège Louise Michel où vous enseignez ?

En 2011, j’ai expérimenté dans mes cours de technologie au collège Louise Michel, à Clichy-sous-Bois des travaux autour de l’impression 3D. L’année suivante, il a été décidé de mettre l’imprimante 3D au CDI (Centre de Documentation). À partir de là, tous les membres de la communauté éducative ont pu observer et comprendre l’impression 3D.

Cela a permis la réalisation de cinq projets sur cinq matières différentes (français, mathématiques, histoire-géographie, SVT et le professeur documentaliste). De plus, de nombreux élèves ont commencé à vouloir imprimer leurs propres objets.

Il est devenu clair que nous aurions besoin de plus d’espace pour permettre à ces élèves de développer de nouvelles connaissances, compétences et savoir-faire. Depuis 2014, le Fablab du Collège Louise Michel a ouvert ses portes et offre un espace d’expérimentation et de fabrication numérique ouvert à l’ensemble de la communauté éducative de l’établissement. Durant 5 ans, il a ouvert 12 heures par semaine avec l’aide d’un personnel assistant d’éducation qui gérait l’animation avec les professeurs de cet espace. 

« C’est aussi un lieu où l’école s’ouvre sur le territoire et crée une synergie projet avec les acteurs hors éducation nationale. »

Faire tiers-lieu à l’école, ça sert à quoi ? 

Un des objectifs spécifiques du FabLab Louise Michel est de permettre une autre approche aux élèves. La pédagogie des projets scolaires, personnels ou co construits en lien avec les acteurs du territoire proche donne un sens aux apprentissages. Ce lieu donne aussi l’occasion d’avoir un rapport différent avec les professeurs.

La collaboration avec des professeurs et des élèves les met en confiance et un échange positif se construit avec l’enseignant souvent mal perçu par sa fonction. C’est aussi un lieu où l’école s’ouvre sur le territoire et crée une synergie projet avec les acteurs hors éducation nationale. Un lieu qui permet l’échange entre public du territoire autour d’un objet commun ou la volonté de construire ensemble.  

Quelles sont les difficultés auxquelles on se confronte en tant qu’enseignant quand on porte un projet de tiers-lieu au sein d’un lycée ?

Il y a plusieurs difficultés que j’ai pu rencontrer. La première est le manque de temps, j’ai fait cela en tant que bénévole. Plus le lieu avait de sollicitation, moins je pouvais accompagner les élèves. La deuxième est la place de l’école dans la société. Elle est vue comme un sanctuaire dans lequel on ne rentre pas et les cadres légales contribuent aussi à cette difficulté d’ouverture sur son territoire. La dernière est la pérennité du lieu. Au début, 6 professeurs étaient dans la dynamique. Avec les mutations, il reste seulement 2 professeurs.   

Comment êtes-vous passé du fablab à l’Etablissement de Service ? Quel apport de l’appel à projets Etablissement de services pour vous ?

Le projet Espace Service Jeunesse donnait la possibilité de passer un cap et rendre le FabLab plus accessible et plus ancré sur le territoire.  Aussi, les années à parler uniquement machines /outils numériques ont montré les limites du projet dans une ville en quartier Politique de la Ville où l’enjeu est davantage sur la médiation numérique.

Mais aussi, comme le nom du projet l’indique, le fablab pouvait être intégré à une offre de service complète à destination des habitants de Clichy-sous-Bois. Le FabLab devient une offre parmi d’autres comme l’accompagnement aux transformations numériques, le rectorat qui se rend disponible sur place pour décentraliser ses services, une offre de formation pour les jeunes de la mission locale ou bien des journées de découvertes des actions de l’armée de terre à destination des jeunes. La dynamique tiers-lieu devient plus présente et c’est la communauté qui sera en capacité de faire vivre le lieu.

Cet article est publié en Licence CC By SA afin d’en favoriser l’essaimage et la mise en discussion.