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Publications scientifiques

Au-delà de la sphère économique, l’attention renouvelée au « faire » concerne aussi la politique. La « démocratie du faire » désigne une variété d’initiatives où des citoyen·nes s’autosaisissent de problèmes et cherchent à les résoudre sans attendre ni dépendre des autres, œuvrant à une démocratisation de la société, selon le principe que le pouvoir est à celles et ceux qui font ou qui sont dans le faire société. Cet article explore les rouages et les ressorts territoriaux d’une telle « démocratie du faire », en s’appuyant sur le récit situé d’un cas empirique emblématique : celui de la gouvernance communale du village de Saillans (Drôme) entre 2014 et 2020, suite à l’élection d’une liste citoyenne. Il met en évidence les conditions et les facteurs territoriaux déterminants de l’expérience saillansonne ainsi que les transformations socio-spatiales et le renouvellement des ordres socio-politiques engendrés.

Dans la continuité du projet de Cahiers de Recherche sur les Tiers-Lieux, l’Observatoire des Tiers-Lieux s’est associé à un groupe de doctorant·es – Fanny Cottet du laboratoire de Géographie-cités (UMR 8504), Céline de Mil du laboratoire Environnement Ville et Société (EVS UMR 5600) et Myriem Kadri de l’unité de Recherche de la Sorbonne Paris Nord la Pléïade (UR 7338) – , pour l’organisation d’une journée d’étude pour jeunes chercheur·ses le 6 juin 2024 au tiers-lieu Césure à Paris.

L’analyse du “faire ensemble” au sein de FabLabs, notamment Coh@bit à l’université de Bordeaux, permet de repérer les dynamiques de l’innovation sociale dans ce type de tiers-lieu. À partir d’une épistémologie du bricolage, des pratiques rompant avec la forme scolaire peuvent être observées. Pour les étudier, des méthodologies plurielles sont mobilisées, entre observation et captation de la connaissance et du sens en construction. La documentation de l’activité se construit autour des traces des apprentissages et d’une émotion partagée. Il reste cependant à construire des méthodes participatives plus centrées sur le partage et la communication du faire ensemble pour valoriser la dynamique de l’innovation sociale au sein des FabLabs.

Si les territoires ont toujours été confrontés à de multiples défis, l’addition des questions de transition aux enjeux économiques, culturels et sociaux complique largement la donne. La transition entraîne en effet l’impérieuse nécessité d’un autre regard. La réinvention des territoires par la solidarité apparaît comme une piste particulièrement pertinente en ce qu’elle permet de s’appuyer sur les très nombreuses innovations portées par les acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS). Pour illustrer ce propos, l’ouvrage rassemble des études de cas qui témoignent de leur étonnante capacité à articuler économie et démocratie locale afin d’asseoir la soutenabilité de leurs activités. Ces études de cas illustrent une vision renouvelée du développement territorial reposant sur la coopération entre ESS, collectivités, entrepreneurs et citoyens. En cela, elles inaugurent un nouveau regard où il s’agit de penser une action publique « recomposée » laissant une place importante aux acteurs de la solidarité pour co-construire avec les acteurs publics locaux des dispositifs à même de relever les grands défis contemporains.

Lieux hybrides, multi-acteurs et impliqués dans les enjeux de leur territoire (Burret, 2015), les tiers-lieux solidaires engagent leurs publics dans des formes de cohabitation multiples (Galvão et al., 2022), parfois d’autant plus sensibles qu’elles s’ancrent dans une gestion quotidienne de l’urgence sociale auprès de publics en situation de vulnérabilité. Les configurations sociales des tiers lieux s’articulent avec des configurations spatiales également atypiques, en témoigne l’engouement pour les projets d’urbanisme transitoire. Cet article explore la manière dont deux actants non-humains parlent et agissent dans le cadre de ces projets, à savoir le bâtiment et le temps. Le bâtiment y sera vu comme investi d’une mission de ventriloquie (Cooren, 2010a, 2010b) pour accueillir les visiteurs et impulser l’appropriation du lieu et de sa vie collective. Le temps, quant à lui, sera abordé par le caractère chronotopique des tiers-lieux solidaires. Caractéristique singulière des projets d’urbanisme transitoire, le croisement de temporalités multiples sera montré comme source de fragilités, mais aussi d’opportunité de création de nouveaux espaces de rencontres et de dialogue.

Cet article, issu d’une thèse en CIFRE (2021-2025), souhaite contribuer aux travaux en cours cherchant à saisir les intersections entre les espaces de l’accompagnement des personnes en situation de vulnérabilité et les espaces dits alternatifs et d’empowerment par le faire. Dans le contexte contemporain du mouvement des tiers-lieux français, cette recherche propose de réfléchir aux modalités socio-spatiale et sensible d’une approche holistique de l’inclusion, au prisme des pratiques du care qui se déploient dans les dynamiques des lieux. S’appuyant empiriquement sur un tiers-lieu associé à un dispositif d’habitat inclusif pour personnes en situation de handicap, cette contribution examine les relations sensibles et de proximités que ces derniers tissent avec le lieu, les formes renouvelées du prendre soin qui peuvent en découler ainsi que leurs effets de réduction et/ou d’accentuation des sentiments d’exclusions et de discriminations.